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Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

Que les intérêts des exploités deviennent l’intérêt universel… !

23 Janvier 2012 , Rédigé par Association des Amis du Manifeste Publié dans #Nos analyses

libre.pngLes  prolétaires sont de plus en plus conscients de la farce électorale, comme le montre l’accroissement de l’abstention dans leurs rangs. Ce n’est pas seulement que les élus les volent ou les trompent, mais c’est qu’ils ne servent à rien, qu’ils ne sont que les rouages d’une machine qu’ils ne maitrisent même pas.

Avec un capitalisme mondialisé dont le pouvoir politique repose sur un ensemble d’institutions bureaucratiques telles que la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC, l’ONU l’OTAN, Interpol, les Cours de justice supra nationales etc…la part des pouvoirs d’Etat est de plus en plus insignifiante (mais simplement complémentaire) et par voie de conséquence le système électoral produit des élus de moins en moins représentatifs de la société civile.

L’Etat fait partie de ces moyens dont s’est doté la démocratie bourgeoise pour contrôler tel ou tel secteur de la vie sociale.

 

Un fait majeur de notre temps :

les individus n’ont plus aucune maîtrise de la production de leur vie.

 

Le mode de production capitaliste a atteint un tel niveau de complexité,  grâce au développement de la  mécanisation mais aussi à cause de la nécessité de renforcer l’Etat (le haut niveau et la professionnalisation de ses agents enlèvent tout pouvoir à la société civile, notamment aux élus sensés être les garants de cette démocratie) que les diverses fonctions de reproduction du capital (financières, administratives, monétaires, industrielles, idéologiques etc…) ne peuvent être confiées qu’à des élites, des spécialistes. Pour deux raisons :

-            Les élus sont peu sûrs ( ils peuvent être stigmatisés comme populistes ou démagogues ou bien comme représentants d’intérêts trop catégoriels ou bien même porteurs de revendications, mêmes édulcorées, des masses).

-            Il faut des dirigeants formatés, sortis des écloseries, des élevages prévus à cet effet (écoles de la fonction publique, les Partis), certifiés aussi conformes à l’usage que l’on attend d’eux autant qu’une voiture sortant d’une chaîne de montage.

 

L’Etat développe la politique de manière autonome par rapport à la société. La politique est une affaire de spécialistes dûment stipendiés et qui ont pour tâche de résoudre et corriger les excès, les contradictions inhérentes à l’accumulation capitalistes (contradictions de plus en plus nombreuses ce qui se traduisent par une absence totale de réponse aux besoins sociaux des individus qui ne peuvent plus s’insérer dans cette société qui les exclut systématiquement à mesure que s’aggrave la crise du capitalisme).

L’Etat soumet les individus aux lois du marché car il a le devoir de valoriser le capital, de préférence celui de la Nation qu’il représente au détriment des autres nations, toutes liées par la loi de la concurrence.

L’Etat comme synthèse des volontés individuelles et agissant en leur nom dans une parfaite égalité citoyenne est un mythe. C’est W. Pareto, un expert bourgeois, qui déclarait (dans « La transformation de la démocratie », 1921) :

« La théorie qui voit dans nos Parlements la représentation de l’ensemble de la nation n’est qu’une fiction ».

Le mythe de l’Etat comme représentant de l’intérêt général est d’abord fondé sur l’élection.

L’élection désigne à la majorité ceux qui dirigent l’Etat. Mais majorité comme minorité, tous les citoyens sont censés pouvoir contrôler l’Etat, et en changer les dirigeants s’ils déçoivent leurs attentes. Cette « alternance » contribue à faire croire que tous les choix politiques et sociaux, même révolutionnaires, seraient possibles par l’élection.

C’est que l’Etat est perçu comme un outil, un appareil technique, neutre dont les élus pourraient se servir à leur guise. Il est vrai que les bourgeois soumettent leurs membres dirigeants à des lois et obligations qui sont plus ou moins bien acceptés. Marx écrivait : « L’Etat bourgeois n’est rien de plus qu’une assurance mutuelle de la classe bourgeoise contre ses membres individuels ainsi que contre la classe exploitée » (dans « la socialisation de l’impôt », avril 1850).

Il est considéré par les individus comme le dépositaire des intérêts privé de chacun. Mais les intérêts particuliers ne sont pas les mêmes, puisqu’au contraire, dans la propriété privée, chacun vit pour lui-même, séparé des autres dans la production (seulement reliés par l’argent, où il en faut posséder le plus possible pour exister, pour être au-dessus des autres, les dominer). Mystification d’autant plus importante que s’il était vrai que les intérêts privés pouvaient coexister harmonieusement, il n’y aurait pas besoin d’Etat.

 

Or l’Etat n’existe que dans une société divisée en classes, où les individus ne peuvent s’associer pour échanger leurs qualités et le produit de leur travail directement. Ils doivent passer par l’argent, agir pour soi, aveuglément.

La puissance sociale leur échappe. Ils ne sont maîtres de rien. Ils doivent subir la puissance de l’Etat qui décide pour eux de leurs conditions de vie.

 

Plus l’Etat est fort et plus faibles sont les individus.

 

Le capitalisme est d’abord un comportement social qui repose sur l’appropriation privée de toutes les conditions de la production de la vie. Il est appropriation privée des moyens de produire et s’appuie sur la division sociale du travail entre les puissances intellectuelles qui en sont les propriétaires et les exécutants qui n’ont que leur force de travail à proposer au plus offrant pour survivre.

Tant que les affaires vont bien, le capital s’accumule et l’on en distribue les miettes pour assurer la paix sociale (les syndicats en sont les premiers bénéficiaires). L’Etat devient « l’Etat-Providence » et développe une bureaucratie inextricable. Mais dès que la crise apparaît, les destructions de capitaux s’accélèrent. Hommes, machines et nature sont détruits.

Ignorant la situation réelle du capital, quant à ses possibilités de valorisation, nombres d’idéologues, économistes, politiciens, universitaires, proposent de renforcer le rôle considérable de l’Etat afin qu’il ait plus de puissance pour aider le capital à retrouver le chemin de la « croissance ».

Par ses interventions incessantes, l’Etat tente d’enrayer le déclin du capital. Par exemple en transformant les dettes des financiers en dette publique, supportée par les prolétaires. Il agit ainsi parce qu’il ne peut faire autrement. Il lui faut siphonner les fruits du travail pour requinquer le capital malade.

 

L’Etat ne surmonte pas la crise (la perte du triple A en est une preuve supplémentaire). L’Etat est tout aussi impuissant à agir sur les contradictions liées aux gains de productivité qui dévalorisent le capital en général et accroissent le chômage.

Et ce ne sont pas les étatistes et autres nationalistes qui ne connaissent pas la véritable nature du capital qui remettront en cause la dictature du capital. Le Front de Gauche se contente de dénoncer la « dictature des marchés » où « l’argent est roi ». Les mesures qu’ils comptent prendre, une fois parvenu au pouvoir se présenteront comme des entraves au développement du capital et ne feront qu’aggraver la situation générale.

Le protectionnisme est réactionnaire parce qu’il conduit à exacerber le nationalisme. Il aboutit à lier le prolétaire à son capital contre celui des Autres. D’ailleurs de la stigmatisation des Autres à celle des Etrangers, puis des Immigrés, il n’y a pas loin (et les faits historiques comme contemporains l’ont souvent montré).

Mais comme l’écrit Tom Thomas dans son dernier ouvrage (paru aux Editions « Contradictions »), « Etatisme ou libéralisme, c’est toujours le capitalisme ».

L’Etat, dans les deux cas est l’ennemi de classe, que les prolétaires en révolution devront abattre.

Les seules luttes pour « la défense du service public » demeurent une lutte défensive, incapable d’empêcher le capital d’imposer ses conditions.

« D’ailleurs les travailleurs des services publics comme ceux du privé, sont nombreux à vouloir que leur travail exprime leurs capacités à satisfaire les besoins des autres, et leur permette de se construire dans l’échange réciproque.

Ils lutteront pour pouvoir satisfaire des besoins qui développent les qualités, compétences, connaissances, habileté des individus, contre tout ce qui les dégrade et les détruit. Ce faisant ils lutteront contre ce qui dépossède et aliène les hommes : l’Etat, les rapports sociaux capitalistes. Et, dépassant les corporatismes, ils rejoindront la lutte commune contre l’Etat » (Tom Thomas, « Etatisme ou libéralisme, c’est toujours le capitalisme » p. 112).

Ce qu’il faut maintenant réaliser et qui constitue l’esprit de la révolution prolétarienne, c’est de remplacer l’association fictive des citoyens que sont l’Etat et la Nation par une association réelle des individus qui décident librement de leur devenir et le construise de manière souveraine.

 

Pierre Lehoux – janvier 2012

 

 

 

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