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Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

CAPITALISME: Le jour d'après ?

11 Février 2012 , Rédigé par Association des Amis du Manifeste Publié dans #Nos analyses

7-1.jpg    Jusqu’à ce jour, les Partis Communistes qui ont mené une révolution, s’ils avaient bien exproprié le capital et étatisé les moyens de production, ils ont aussi laissé intacts deux piliers essentiels du capitalisme, le salariat et la monnaie. 

Ces deux piliers ont contribué à gangrener les sociétés « socialistes » naissantes et ont rendu plus facile la restauration capitaliste dans ces pays.

 

« Le mouvement de production capitaliste considéré dans sa continuité, ou comme reproduction, ne produit donc pas seulement marchandises, ni seulement plus-value, il reproduit et perpétue sa base, le travailleur dans la situation de salarié. »

K. MARX « Le Capital » (ch XXIII)

 

Comme nous le dit MARX, si la base du capitalisme « le travailleur dans la situation de salarié » est toujours là, alors le capitalisme qui se cache n’est sans doute pas très loin.

 

« Le salariat, ce n’est pas seulement le salaire, c’est-à-dire la prétendue rétribution du travail, une fois ôtée la plus-value drainant le surtravail extorqué au travailleur. Ce n’est pas non plus la simple exploitation d’un travail qui pourrait ne pas être exploité… Non, le salariat désigne un mode particulier- capitaliste- bourgeois- marchand- d’exploitation du travail au moyen d’une oppression, elle-même, très particulière du travailleur dans son travail et hors du travail. Une oppression qui vise précisément à engendrer le travail sous forme de marchandise, à produire et à maintenir les travailleurs par le biais de ce travail et des institutions sous forme de simple vendeurs- concurrents entre eux- de leur force de travail. »

Pour l’abolition du salariat- Cahiers Spartacus -Série B N°75

 

Peut-on croire que ces embryons de « sociétés socialistes » du XXe siècle est révolutionné le travail en maintenant le prolétariat dans le salariat ?

Ce qui est sûr c’est que les dirigeants de l’état et du Parti de ces « sociétés socialistes » sont devenus, au moment de l’écroulement, les propriétaires privés des moyens de production sans que se dresse une implacable résistance ouvrière.  Le travailleur  socialiste dans la situation de salarié  n’a pas  perçu dans l’immédiat cette restauration comme un changement radical de sa condition.

 

Comment pourrait-on se passer du salariat, de la monnaie, révolutionner le travail et les rapports sociaux, une fois le capital exproprié, c’est-à-dire le jour d’après ?

Je vous propose à la discussion un travail réalisé à partir de la crise économique des années 80, par un groupe de militants pour une économie distributive.

 

Ces thèses font partie d’une petite brochure éditée par les Equipes Dauphinoise pour une Economie Nouvelle (E.D.E.N. avril 1986)

Ce modèle économique pourrait-il être la base d’une société socialiste ?

À vos commentaires

J.M.N


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Réalisation de l'économie distributive

 

 

Actuellement, l'Homme est au service de l’argent et de l'économie. Le problème à résoudre est précisément de tourner le dos à cette anomalie, de rétablir l’ordre, c'est-à-dire de mettre l'argent et l'économie au service de l’Homme.

 

Le moment est arrivé où il faut aider l'économie de revenu social, qui s'est développée à l'état embryonnaire au sein de l’économie de gain, à prendre naissance et à s’épanouir.

 

Il s'agit donc d'un changement profond. Or, l'expérience montre que tout le monde désire que « ça change », mais à condition... que rien ne change... en profondeur, c’est-à-dire en conservant l'économie de marché. Qu’ils soient de ‘’gauche’’, ou de "droite", nos contemporains sont des rêveurs, puisqu'ils veulent réaliser l'impossible : assurer la pérennité de l'économie de marché, frappée à mort par le travail de plus en plus mécanisé et automatisé.

 

Le lecteur ou la lectrice se trouvent placés devant deux possibilités : ou bien rester en économie de marché, avec son désordre, ses cancers sociaux et sa finalité, la mort de l'humanité par la pollution et la misère, si ce n'est pas par la guerre atomique; ou bien entrer en économie distributive, pourvoyeuse d’ordre, d’harmonie, de paix, de joie de vivre. Ce but ne vaut-il pas un vrai changement ?

 

Conception de l'économie distributive

 

Nous allons donc transformer l'économie de marché en économie distributive.

 

Fondamentalement, le problème à résoudre consiste à remplacer tous les gains actuels quels qu'ils soient par un revenu social.

 

Tous les gains actuels sont obtenus en vendant des marchandises, des services ou du travail (sinon par le vol). Il en est ainsi parce que la monnaie est circulante. Au passage, chacun prélève ou reçoit son salaire, son bénéfice, ses honoraires, ses dividendes, etc.

 

Pour en finir avec l'économie de gain, il faut donc rendre la monnaie non-circulante. Il serait alors impossible de réaliser le moindre gain.

 

Pour que la monnaie ne soit plus circulante, il faut l'annuler au premier achat. Ce ne serait pas réalisable si la monnaie avait encore sa garantie métallique. Mais c'est possible avec la monnaie de chiffres, instituée depuis le moratoire de 1914.

 

Annuler la monnaie au premier achat, c'est démonétiser la société, sauf pour ce premier achat. C'est donc rendre impossible la réalisation d'un gain quel qu'il soit, et c'est en finir avec l'économie de gain.

 

Mais c'est rendre indispensable la distribution d'un revenu social à tout le monde. C'est donc donner naissance à l'économie distributive.

 

En contrepartie, l'emploi ne peut plus être rémunéré. Il devient un service rendu à la société, c'est-à-dire un service social.

 

Revenu social, service social, monnaie annulable au premier achat, donc monnaie uniquement de consommation, sont les principes fondamentaux de l'économie distributive.

 

L'économie de marché mourra en donnant naissance à sa fille, dont l'embryon se développe actuellement dans son sein.

 

L'économie distributive est simple dans sa conception. Sa réalisation est aussi simple. Nous allons le constater.

 

Réalisation de l'économie distributive

 

Premier principe. - La monnaie est créée par chaque gérance monétaire (ex-succursale bancaire) en créditant périodiquement, par exemple mensuellement, et exclusive- ment, le compte de chaque consommateur du montant d'un revenu social, de sa naissance à sa mort.

 

La France est couverte d’un réseau de succursales  de banques et de caisses d'épargne, que nous appellerons « gérances monétaires » (peu importe le nom). Chacune prend en charge tous les habitants d’un quartier bien délimité, ou d’une petite localité, ou d’un groupe de quelques villages.

 

Deuxième principe. -Toute gérance monétaire débite le compte de chaque consommateur dont elle a la charge, du montant de ses dépenses.

 

Troisième principe. - La somme des revenus sociaux  distribués mensuellement  dans tout notre pays  est égale  à la valeur de cession de l’ensemble des marchandises mises à la disposition des consommateurs pendant le mois considéré. Il est également tenu compte des services payants.

 

Ce troisième principe assure l’équilibre monétaire théorique entre la production et la consommation, à condition que la monnaie ne soit dépensée qu’une seule fois, par son annulation  au premier achat d’une marchandise ou règlement d’un service payant , ce qui sera réalisé par le quatrième principe.

 

L’institut National des Statistiques et études économiques (INSEE) est bien organisé pour calculer le revenu social mensuel ; suivant les variations, d’une part, de la production des marchandises, et, d’autre part, de l’état civil de la population. Des ajustements de plus en plus fins permettront de parfaire l’équilibre réel  entre la production et la consommation.

 

Le prix des marchandises et des services payants, les mêmes, dans tout notre pays, seront fixés arbitrairement. Les uns pourraient être augmentés, si par exemple on voulait freiner l’utilisation de certains minéraux non-renouvelables. D’autres pourraient être diminués pour accélérer la vente de marchandises abondantes ou périssables. On pourrait aussi diminuer (ou augmenter) le prix de certaines marchandises à l’écoulement trop lent (ou trop rapide) afin de tendre à l’équilibre réel entre  la production et la consommation 

 

Quatrième principe.- Qu’il soit individuel ou collectif, chaque point de vente aux consommateurs possède un compte d’ordre à la gérance monétaire du territoire sur lequel il est situé. Ce compte d’ordre, par définition non transformable en monnaie, est SEUL crédité du montant des recettes de tout point de vente, individuel ou collectif. La monnaie est donc annulée au premier achat.

 

Les vendeurs reçoivent un revenu social, comme tout le monde. Il est évident qu'aucun compte personnel ne doit être crédité du montant de leurs recettes.

 

Le compte d'ordre permettrait de contrôler éventuellement la gestion de chaque point de vente.

 

Cinquième principe. - Toute dépense se fait exclusivement avec une carte de consommation à mémoire et personnalisée.

Les billets et les pièces sont faits pour circuler. L'annulation de la monnaie au premier achat les rend sans objet. Ils sont donc supprimés. 

 

Conséquences de ces cinq principes

 

Avec l'application des cinq principes monétaires, l'économie et la société sont complètement démonétisées, à l'exception d'un aller et retour de la gérance monétaire à un point de vente.

 

La monnaie étant annulée au premier achat, et n'étant plus circulante, ne peut plus évidemment circuler, ni d'un compte à un autre, ni de main à main. Il n'y a donc plus la moindre possibilité de vendre quoi que ce soit, ni marchandise, ni service, ni travail pour en tirer de l'argent.

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Il n'y a plus de bénéfices, de profits, d'intérêts, de rentes, d'agios, de dividendes, de salaires, d'honoraires, de soldes, de traitements, de commissions, ni aucun autre revenu : l'économie de marché est morte et enterrée.

 

Tout le monde reçoit un revenu social ; le travail, non rémunéré, devient un service social ; la monnaie est uniquement une monnaie de consommation : l'économie distributive a pris naissance.

 

Il n'y a plus de capital, de capitalistes, de capitalisme. Il n'y a plus de salaires, de salariés, de salariat. Il n'y a plus d'exploiteurs, d'exploités, d'exploitation de l'homme par l'homme. Il n'y a plus de classes, ni de lutte des classes.……/

 

Tout ce qui est relatif à l’argent disparaît spontanément  dès l’application de ces cinq principes monétaires.

 

Mis à part l’INSEE dont le rôle sera essentiel dans le nouvel ordre économique, le Ministère des Finances est devenu complètement inutile, ainsi que ses ramifications sur tout le territoire. Il n’y a plus d’impôts et de taxes. Le revenu social de chaque individu est intégralement à sa disposition pour satisfaire ses besoins vitaux, et ses désirs de culture, de distraction, de voyages…

 

Les médecins, les pharmaciens, les infirmières, les ambulanciers et toutes les personnes du service de santé reçoivent un revenu social, comme tout le monde, les soins sont gratuits, les médicaments également, sur présentation d'une ordonnance. De plus, chacun, recevant un revenu social de son berceau à son tombeau, prend sa retraite sans diminution du revenu social.  n'y a plus de pensions, d'indemnités, d'allocations, de cotisations. La Sécurité sociale, ce monument de paperasses contraignantes pour tous, est éliminée.

 

Il n'y a plus d'actions, d'obligations, de « valeurs », de vente et d'achat de pièces ou de lingots d'or. La Bourse des valeurs est transformée en musée, pour montrer aux générations futures la barbarie de l'ère financière.

 

Il n'y a plus de Trésoreries générales, de Perceptions, de Départements financiers des différents Ministères, de Comptabilité d'entreprises, petites, moyennes et grandes, industrielles, agricoles, commerciales, d'Ecoles de comptabilité, de Bilans...

 

La production étant libérée de l'argent, donc de la rentabilité, des investissements, des salaires et des bénéfices, il serait facile de réaliser, sans aucun inconvénient pour personne, les suppressions d'emplois, les aménagements, les restructurations ou les créations d'entreprises, afin d'équilibrer la production avec les besoins des consommateurs, compte tenu des nouvelles techniques, et, enfin ! des impératifs de l'écologie et de l'humanisme…../

 

 

 

Actuellement, la production des biens et des services est matériellement très bien organisée puisqu'il y a de tout en abondance sur le marché. De la matière première (ou des champs) aux points de vente, elle pourrait rester telle qu'elle est. Des technocrates qui voudraient mieux organiser ce qui est bien organisé risqueraient de la désorganiser.

 

Quant au service social, il n’est qu’une expression verbale indiquant la gratuité du travail, et pas autre chose. Il y a un service social concret, comme il y avait un service militaire par exemple.

 

Résumons-nous. Les changements énumérés ci-dessus sont tous, sans exception, des conséquences de la démonétisation de la société. il n'y a plus d'autre structure monétaire que celle permettant une seule dépense avec la monnaie distribuée mensuellement à chacun.

L'économie distributive serait alors réalisée à 95%.

 

En effet, elle est d'une merveilleuse simplicité. Sa réalisation réside presque uniquement dans l'élimination pure et simple, spontanée dès l'application des cinq principes monétaires fondamentaux, de l'énorme et effroyable cancer financier aux innombrables ramifications présentes partout, y compris dans les esprits, subjugués et  entièrement soumis à son emprise…./

 

 

La démonétisation de la société aurait aussi pour conséquences directes ; la modification du statut de la propriété ; de l’agriculture, des entreprises; des échanges avec l’extérieur; de l’administration de la société.…/

 

Nous ne ferons pas, dans cet exposé, l'étude de tous les détails de la nouvelle société. Nous nous en tenons au but défini: montrer la possibilité, et surtout la facilité, de réaliser l'économie nouvelle.

 

E.D.E.N  (Equipe Dauphinoise pour une Economie Nouvelle)  19 avril 1986


 

 

 

 

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A
<br /> Pour revenir sur la question de savoir si l'argent doit, après une révolution politique prolétarienne, continuer d'exister, il convient de rappeler que c'est le rôle du Parti Communiste au<br /> pouvoir et de l'Etat prolétarien de mettre en place une gestion nouvelle des lieux de production et des échanges qui en découlent.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce sont les besoins humains les plus élémentaires qui doivent être pris en considération. Concrètement, c'est uniquement en associant les catégories (actuellement séparés dans la division sociale<br /> du travail capitaliste), en mettant en place une réelle coopération, répartissant les heures, nécessaires de travail contraint entre tous les membres de la société, capables de travailler, que<br /> l'on peut se passer de la valeur d'échange puisque ce qui prime devient alors la production de biens d'usage !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mais cela ne peut se décider sans les conseils de travailleurs et sans que les puissances intellectuelles n'aient aussi leur lot de travail contraint ce qui les obligera à partager leurs savoirs<br /> dans l'entreprise avec ceux qui en sont exclus.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est une première étape indispensable à la socialisation réelle des moyens de production et à la disparition de la propriété privée qui actuellement prive les travailleurs de leur puissance<br /> sociale.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cette précision est, il me semble, utile à fournir pour une meilleur compréhension du rôle de la monnaie, qui est , je le répète le moyen de quantifier les échanges entre individus privés (et non<br /> sociaux) séparés dans la production, isolés et incapables de s'associer pour produire toutes les conditions de leur vie.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pierre Lehoux<br /> <br /> <br />  <br />
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P
<br /> Le capitalisme n'existe pas seulement par l'argent. Il est d'abord un rapport d'appropriation par une classe de tous les moyens de production de la vie. Ce type de rapport social engendre<br /> l'argent et la désappropriation du prolétariat de son savoir-faire par les puissances intellectuelles seules maîtres à bord (les ingénieurs, cadres et tecnhiciens, véritables fonctionnaires du<br /> capital, puisqu'ils contribuent à le valoriser).<br /> <br /> <br /> Dans la société bourgeoise divisée en classes dont le fondement est l'individu privé (privé de tout aussi, le bourgeois concevant béatement les bénéfices qu'il peut tirer de l'exploitation des<br /> prolétaires sans voir que la plus-value -qui devient du profit dans la vente et du capital additionnel qui s'accumule pour devenir du capital productif - se  réduit du fait que le<br /> capital dans son ensemble, du fait de la crise, peine à se reproduire et qu'il est menacé par la ruine) l'argent est le seule moyen de quantifier les échanges.<br /> <br /> <br /> Le capitalisme ne reconnaît que la valeur d'échange même si avec les progrès de la productivité, on produit davantage de valeur d'usage (ce qui est un des facteurs de dévalorisation du capital<br /> donc de disparition de la valeur d'échange).<br /> <br /> <br /> La propriété privée empêche les individus d'échanger directement leurs qualités et leurs productions (en fonction de besoins sociaux qui ne peuvent être satisfaits dans ce système). L'argent,<br /> actuellement,  est le moyen qu'utilise la bourgeoisie pour socialiser la production en permettant aux échanges de se réaliser mais l'argent est aussi valeur refuge, spéculation, gaspillage<br /> des ressources, destructions de toutes sortes, guerres et famines.<br /> <br /> <br /> Pour que l'argent disparaisse il faut que les individus deviennent entièrement maîtres des moyens de production et du temps libérée par la forte productivité obtenue grâce à la mécanisation.<br /> <br /> <br /> La révolution politique, menée par le prolétariat est la condition prmière pour renverser le cours des choses et dominer la bourgeoisie. Une étape transitoire est nécessaire : celle de la<br /> dictature du prolétariat, tous les moyens de coercitions seront déployés contre la bourgeoisie pour la contraindre à abandonner progressivement le pouvoir qu'elle peut encore conserver dans la<br /> production.<br /> <br /> <br /> Le temps libre est le plus sûr moyen de parvenir à une maîtrise par tous de la production de la vie. Il doit permettre à chacun(e) de se former pour maîtriser progressivement l'outil de<br /> production, de se cultiver, d'avoir accès aux loisirs et de travailler pour produire d'une autre manière, bref de posséder un travail riche, riche des qualités échangées au sein d'une société où<br /> l'égalité n'est pas seulement formelle, comme aujourd'hui.<br /> <br /> <br /> Ce qui se résume en une formule : TRAVAILLER TOUS, MOINS ET AUTREMENT !<br /> <br /> <br />  <br />
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