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Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

Finances mondiales

9 Février 2007 , Rédigé par ARAM Publié dans #Nos analyses

Le micro-crédit ou ...

comment assujettir les pauvres

 

 

Les rapports sur la pauvreté s’accumulent sans qu’un terme ne soit mis à la souffrance de ces populations parquées dans des camps comme au Darfour, victimes de pillages et d’assassinats organisés par des bandes armées. 

 En Afrique, un tiers de la population est sous-alimentée (815 millions).  Un habitant sur deux vit avec un dollar par jour. La famine ravage le Niger, le Mali, le Nigéria, le Burkina Faso et la Mauritanie. Au Niger 63% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les impérialistes et leurs organismes internationaux tels que l’ONU et le FMI subordonnent leurs aides à l’instauration de taxes par les Etats sur les denrées alimentaires de premières nécessité (comme au Niger où la TVA atteint 19%) ce qui a pour conséquence de supprimer les banques céréalières locales qui servaient de recours en cas de disettes. 

 La finance mondiale spécule sur la pénurie et tire ses profits de la rente que ces Etats lui procure.  

 La dette extérieure de l’Irak s’élève à 78 milliards de dollars (soit l’équivalent de 3 fois son PIB),  son taux de chômage à 45% et son taux d’inflation à 32%. (La Tribune - août 2005). En Iran : 40% de la population vit dans la pauvreté (70% de la population a moins de 30 ans). 

 Selon l’OCDE et la FAO (rapport du 4/07/06) : en 2015 les trois quarts de la population urbaine seront concentrés dans les PED (pays en voie de développement). Comme l’aristocratie et la bourgeoisie en Angleterre au début de l’ère capitaliste, l’OMC et les multinationales organisent l’exode rural. Elles détruisent les cultures vivrières pour y implanter les cultures OGM et introduire les technologies modernes qui permettent d’abaisser le coût du travail avec des salaires très faibles. Transformés en salariés,  ces paysans sans ressources constituent une main d’œuvre à bon marché et une armée de réserve qui s’entasse dans des bidons-villes. 

 Aucun  pays dominé n’échappe à cette logique, pas même la Chine où s’accroît considérablement la masse des prolétaires.

 

                                       

Le capital alimenté par le travail

 Les délocalisations détruisent plus d’emplois qu’elles n’en créent y compris dans les PED car c’est le développement de la mécanisation et de  l’automatisation qui les supprime (la peur de disparaître contraint le capitaliste à dépenser plus dans la recherche et la technologie). Aiguillonnée par la concurrence, l’augmentation de la productivité, donc du taux d’exploitation, associée à un chômage massif n’accroît que sous sa forme relative la plus-value.  Cela entraîne une baisse généralisée des prix qui ne profite guère aux travailleurs du fait du chômage et des salaires très bas. 

 

 

  Le capitalisme développe à l’infini les forces productives ce qui accroît d’autant la surproduction et les destructions de capitaux. Les difficultés à écouler les stocks importants s’ajoute à une sous-consommation grandissante du fait de l’augmentation de la pauvreté. Les capitaux s’enfuient en attendant mieux vers les crédits et les valeurs fictives de la Bourse. 

 Les «altermondialistes » type ATTAC critiquent le capital financier et refusent de reconnaître que le capital dans son ensemble, a atteint un tel niveau de concentration qu’il ne peut se valoriser à l’échelle planétaire qu’en accroissant la division du travail et le taux d’exploitation. 

 On sait que les flux de plus-value accaparés par la dizaine d’Etats impérialistes sont bien plus que les profits apparents (les profits nets) des oligopoles. Il s’y ajoute la masse considérable des intérêts financiers, les impôts et taxes prélevés par les Etats et les avantages consentis aux couches bourgeoises chargées d’organiser les multiples conditions de la reproduction de la société capitaliste. 

 La soumission des peuples dominés au nouvel ordre impérialiste est aujourd’hui telle qu’elle « justifie » leur  ingérence  dans les affaires des PED (l’intervention miliaire US en Somalie, de l’UE en Afrique occidentale…).  

 

Les ONG précèdent l’OTAN ou l’ONU chargées de faire régner l’ordre libéral.  

 

Véritables missionnaires des temps modernes, des ONG relaient les grandes banques en accordant des prêts aux PED. Parallèlement, des banques comme la Grameen Bank prennent le relais du FMI ou de la Banque Mondiale pour introduire une formule appelée le « microcrédit ». Son fondateur, Mohammed Yunus (originaire du Bangladesh – un des pays les plus pauvres de la planète)  figure à la Une des journaux car, à seigneur tout honneur, on vient de lui délivrer (pour bons et loyaux services rendus au capital) le prix Nobel de la Paix. 

  C’est pour mieux nous faire oublier que les banquiers ne vivent, comme des vampires, que de la dette des Etats et des particuliers. D’ailleurs il s’agit de resserrer l’étreinte mortelle de la finance sur des pays déjà exsangues car le microcrédit s’adresse au plus pauvres qu’il sur-endette. Cet argent le plus souvent dépensé pour la santé, l’alimentation ou le logement ne permet pas un enrichissement des emprunteurs mais exige un retour financier vers les institutions de microcrédit via les intérêts et renforce le contrôle des Etats sur les individus.  

 

                             Le microcrédit appliqué aux régions françaises  

 

Signe des temps et de l’appauvrissement de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal ouvre un guichet de « prêts sociaux » pour les pauvres (Rmistes, allocataires sociaux, travailleurs pauvres…). Ecrasés d’impôts et de prélèvements de toutes sortes, les travailleurs pauvres, ceux qui « gagnent » trois fois rien dépendront d’un système de crédit qui leur permettra peut-être de survivre quelques temps et par leur travail à bas coût d’entrer en concurrence avec des salariés mieux lotis ce qui accélèrera la casse des emplois existants. Ce sont souvent des emplois du secteur tertiaire, non productif de plus-value, appartenant au secteur des services, hypertrophiés, dont se charge l’Etat, ce qui accroît le déficit public, la bureaucratie et les contrôles de toutes sortes. 

 C’est tout de même la preuve que c’est le bénéfice qu’ils peuvent prendre sur les travailleurs qui, avant tout, intéresse les capitalistes. 

 La « microfinance » et ses formes rentières que sont les « microassurances » n’ont d’autre but que la soumission des populations à l’ordre capitaliste.  Pour son fondateur, Muhammed Yunus, la mondialisation « a besoin d’une grande autorité mondiale de la globalisation » qui soit en mesure de faire respecter des règles environnementales et sociales afin de lutter contre la pauvreté. De la part d’un banquier c’est l’affirmation que la misère, la faim, les guerres, l’exploitation capitaliste et l’argent pourront encore longtemps régner ensemble sur le monde sauf si celui-ci décide par une révolution d’y mettre un terme.  

 

                                       RCPC – janvier 2007


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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