Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

Les syndicats russes

7 Mai 2007 , Rédigé par ARAM Publié dans #International

RUSSIE : LA RENAISSANCE DES SYNDICATS

 

Comme la revue Echanges qui publie cet article nous estimons qu'il brosse un tableau intéressant de l'évolution de l'encadrement des luttes depuis la chute du régime soviétique.  

 Peu de gens à l'époque soviétique ont compris l'utilité des syndicats. Bien sûr, les syndicats existants collectaient les cotisations et distribuaient aux travailleurs les séjours gratuits dans les centres de vacances; mis à part ça, personne ne pouvait vraiment expliquer quelle fonction ils assumaient. Les années 1980 amenèrent des nouvelles surprenantes de Pologne quand les travailleurs formèrent le syndicat Solidarité, hors du contrôle du Parti communiste et s'opposant à la bureaucratie du parti. Pourtant c'était moins une action syndicale au sens occidental qu'une action politique.En Russie, les syndicats « non affiliés » qui surgirent dans la vague de soulèvements des années 1989‑1990 subirent le baptême du feu avant d'amorcer un déclin rapide.

En termes d'idéologie et d'organisalion, ces syndicats n'étaient pas préparés ait, (nouvelles conditions existant alors après la chute de l'Union soviétique).  

 

Parce qu'ils s'étaient développés dans cette période soviétique, avec le slogan « Combattre la bureaucratie », ils étaient cyniquement utilisés par les politiciens libéraux pour obtenir le soutien des masses ouvrières. Les réformes économiques qui en découlèrent, amenèrent un déclin dramatique de la condition des travailleurs, le chômage et même la faim. Les syndicats « indépendants » qui avaient apporté leur soutien aux réformateurs furent discrédités. 

 La Fédération russe des syndicats indépendants, le parapluie national organisationnel, faisait partie du legs de l'époque soviétique et faillit jouer un rôle historique. Elle prit le parti des « directeurs rouges », ces patrons des entreprises de l'époque soviétique qui se sont approprié maintes entreprises. Elle rejoignit ces directeurs rouges dans leurs premières critiques du système soviétique, puis fit la paix avec le gouvernement. Elle retourna à son rôle traditionnel de courroie de transmission entre les autorités et les masses ouvrières, mais cette fois ces autorités étaient des capitalistes traditionnels. Pour montrer toute leur loyauté envers le système, ces syndicats officiels sont devenus les principaux propagandistes du Parti unifié de Russie. 

 Au cours des années récentes, les protestations de masse qui avaient marqué les années 1990 ont disparu et la paix sociale a régné, soutenue par la croissance économique et le prix élevé du pétrole. Pourtant, les événements des derniers mois fournissent la preuve de tensions sociales croissantes et les entreprises relativement florissantes montrent des signes avant-coureurs de conflits. Les journalistes emploient de nouveau des mots comme « (grèves », « actions ouvrières » et « piquets syndicaux » en première page des journaux et périodiques. 

 Les travailleurs de Ford ont combattu pour une augmentation de salaires. Ceux de l'automobile de toute la Russie ont formé une nouvelle organisation nationale. Les travailleurs du pétrole de Sur‑ut revendiquent une augmentation de salaires et quittent la Fédération des syndicats indépendants en essayant de constituer un syndicat « non affilié ». Les travailleurs de l'usine Kholodmash à Yaroslav font le siège des bâtiments de la direction. 

 Se sentant menacées, un certain nombre d'entreprises ont pris l'initiative de mesures préventives. Norilsk Nickel, qui dans le passé a subi bien des conflits prolongés, semble déterminée à éviter qu'ils ne se renouvellent. Les représentants syndicaux de la Kola Mining and Metallurgical Company déclarent qu'ils ont été contraints d'aller en justice car la direction menaçait les travailleurs de diminuer ou supprimer les bonus s'ils ne quittaient pas le syndicat. 

 Une autre histoire a été révélée à l'usine GM‑Avtovaz à Togliatti (900 km au sud est de Moscou). Chevrolet‑Niva fut une des premières voitures étrangères produites en Russie, mais là le syndicat indépendant est apparu tardivement. A la suite de la grève chez Ford, la réaction de GM‑Avtovaz fut rapide et brutale. Le management prit pour cible le leader du syndicat, Andre Lyapin, et d'autres militants syndicaux, leur imposant des mesures disciplinaires. Boris Kravtchenko, président de la Confédération du travail de toute la Russie, envoya une lettre au management, le menaçant d'informer de ces faits toutes les centrales syndicales de l'étranger. Ce n'était pas une menace en l'air car l'or‑anisation de Kravtchenko fait partie de la Confédération internationale des syndicats libres, qui a lancé dans le passé des campagnes internationales de solidarité en maintes occasions. 

 C'est une importante caractéristique du mouvement syndical en Russie que de s'être développé dans un monde où la globalisation est un fait de la vie économique en lien étroit avec les organisations internationales. Les managers russes doivent maintenant entendre des revendications qui sont des lieux communs dans les pays de l'Ouest, comme des augmentations de salaires, de meilleures conditions de licenciement et une amélioration des conditions de travail. Alors que la production et les profits s'accroissent, il leur est de plus en plus difficile de s'opposer aux revendications de salaires : les syndicats deviennent plus radicaux et apprennent comment gagner.

 Le prix élevé du pétrole et du gaz n'a pas seulement rendu possible le développement industriel et accru le standard de vie de la classe moyenne. La renaissance du mouvement ouvrier en a été une autre conséquence extrêmement importante. 

 

         B. L. 

 

octobre 2006  

 

(ÉCHANGES 119 ‑ HIVER 2006‑2007)


 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article

Commenter cet article