Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

EADS

7 Mai 2007 , Rédigé par ARAM Publié dans #Luttes sociales

 

Quelle riposte véritable faut-il organiser contre le capital ?

 

 Airbus a débuté la construction de son usine chinoise

Les chiffres du plan d’économie d’Airbus, « Power 8 », sont tombés, mercredi 28 février. Trois sites vont être cédés à des repreneurs sous-traitants : Filton en Angleterre, Nordenham en Allemagne et Méaulte en France, qui compte plus de 1000 salariés. Trois autres sites vont être fermés : Laupheim et Varel, en Allemagne, ainsi que l’usine de Saint-Nazaire ville, en France, qui compte environ 900 salariés. EADS supprime 10 000 emplois en Europe, sur 4 ans (pour 50% des salariés d’Airbus et pour 50% des sous-traitants et intérimaires travaillant sur les sites d’Airbus). 

 Ces suppressions d’emplois se feront sous forme de mesures de préretraite, de départs volontaires et de temps partiel et sans aucun doute des licenciements secs. 

 La saignée sera beaucoup plus profonde chez les sous-traitants, dont Airbus souhaite réduire le nombre de moitié. Mais Eurocopter, Jamco, Hurel Hispano, Sonaca et Latécoère, parmi d’autres sous-traitants, vont se partager le gâteau des emplois à bas coûts. Aiguillonné par une concurrence farouche avec Boeing, EADS externalise (1) ses lieux de production (environ 40% de la fabrication de l’A380 et 50% dans un futur proche). Par comparaison, 70% du Boeing 787 sont montés à l’étranger.  

 L’évolution d’Airbus  

 Il y a 20 ans, AIRBUS n'était pas une entreprise leader mondial. En 2005 le gros porteur A 380 devenait le symbole d’une Europe triomphante pour laquelle il était urgent de voter OUI. Le 18 janvier 2005 Chirac, Blair, Schroder, Zapatéro et 5000 invités se retrouvaient à Toulouse à la présentation de L’A 380. Les actionnaires étaient principalement les états qui finançaient les projets de recherche et développement (2). 

 Après Maastricht le gouvernement JOSPIN a privatisé EADS. La société devenue anonyme a centralisé les outils de gestion et de décision. La règle du retour sur investissement compatible avec les exigences du capital financier s'est imposée directement. Les actionnaires privés ont joué en bourse l’action EADS. Les profits attendus n’étant pas au rendez-vous, le journal « La Tribune » titrait en septembre 2006 : « Les comptes d’EADS virent au rouge, son action s’envole » ce qui est une façon de dire que la dette, qui est crédit donc spéculation, trouve en Bourse le moyen de se valoriser sans passer par la production (le summum du fétichisme capitaliste).  

 EADS est-elle réellement en danger ?

  Le carnet de commande d’Airbus est rempli pour plus de six ans. 21000 salariés travaillent en France, 19968 en Allemagne, plus de 9000 en Grande-Bretagne et environ trois cents en Espagne. La concentration s’est accompagnée d’une centralisation des systèmes de gestion afin de réduire le coût de production. C’est l’exploitation du travail souvent qualifié de milliers de salariés qui est à l’origine des profits énormes. Mais comme dans l’automobile, l’utilisation massive de machines automatiques diminue la quantité de travail humain, le travail restant étant celui de « presse -bouton » ou de surveillance. Les techniciens et les scientifiques sont aujourd’hui recrutés dans le monde entier, surtout en Asie où le coût de formation est dix fois moins cher. 

Faute d’élargir sa production et donc le marché (la plus-value n’est réalité qu’après la vente), d’investir dans les technologies les plus performantes, de conserver le meilleur taux de profit possible, EADS comme Boeing disparaîtrait. Le capital argent (les divers crédits et emprunts) pour se valoriser, doivent réintégrer rapidement le procès de production.  Les financiers en appellent donc à « une plus forte rentabilité », sinon leur argent cesse d’être du capital en fonction et l’industriel, qui en dépend, ne peut poursuivre le développement de sa production. 

 

 

 Le plan Power 8 contribue donc à augmenter la productivité en supprimant des emplois, en cassant des unités de production jugées insuffisamment productives (3). 

 Les 2,1 milliards d’euros d’économies à réaliser et les 5 milliards d’euros de trésorerie cumulée de 2007 à 2010 si elles font profitent toujours plus les actionnaires privés et publics  concourent activement au drame du capital social.

 Le marché prédateur  

La concurrence intra-européenne, notamment franco-allemande oppose les différentes entités. Le marché détruit des usines, des hommes, des régions... En fait plus la valeur ajoutée (liée à la forte proportion de technologie introduite dans le produit) est importante et plus l’argent sous forme de crédits, d’avance de gains supposés à venir s’accroît. 

 

 

 D’énormes réserves financières qui ne trouvent pas à se valoriser dans l’entreprise se réfugient dans la sphère financière et s’apparentent à du capital car il porte intérêt et se démultiplie sous l’effet des différents « leviers » financiers (tels les LBO et autres fonds d’investissements). Mais ce capital-argent ne produit pas de plus-value au sein de la production. Il contribue à gonfler les bulles (immobilières par exemple) jusqu’ au crash fatal. C’est le chemin qu’emprunte Airbus ou Alcatel. 

   La catastrophe ne provient pas du déficit de 195 millions d’euros qui ne représente que 0,5% du chiffre d’affaire de plus de 37 milliards d’euros mais bien de la pléthore de crédits qui ne se posent pas en capital additionnel dans le cycle de la production! Les bénéfices sont importants pour 2005 : il représentent 2,85 milliards d’euros. 

 Les travailleurs paient plusieurs fois la crise du système 

 Dans la guerre que livre le capital au prolétariat, au sommet de l’Etat comme dans les organisations patronales, les Sarkozy comme les socialistes, en appellent à l’impôt pour financer les plans de destructions d’Airbus. 

  Ils font payer plusieurs fois le coût de la restructuration au prolétariat en dévalorisant le travail au point d’accroître l’armée de réserve des chômeurs, en précarisant la jeunesse et en tuant à la tâche les plus anciens sous une productivité démesurée. 

 Le PS, sur la même longueur d’onde que les landers allemands, propose un financement par les régions et des négociations européennes. 

 Les syndicats et les partis ouvriers bourgeois (rappelons nous du fameux « produisons français » du PCF) défendent une fois de plus des positions nationalistes, s’abritant derrière leur impérialisme  pour exiger de l’Etat (qui n’existe que pour valoriser le capital), des nationalisations sous formes de régionalisations ou sur la base des nationalisations de 1981. 

 Ils masquent la réalité de l’Etat en affirmant que celui-ci « devrait être pour le peuple et pas pour les actionnaires » et de souhaiter qu’il devienne «  l’outil d’une nation, de son développement technologique, de la réponse aux besoins sociaux ». Quand ils déclarent « libérer AIRBUS des intérêts financiers et de l'Union Européenne » ils s’en prennent au mauvais capitalisme financier et ne voient pas qu’il faudrait étendre les luttes au prolétariats des pays concernés par l’externalisation et les délocalisations pour mener un combat de front uni contre le système tout entier.    

L’Etat ne gère pas « mal » contrairement à ce qu’affirment les faux amis du prolétariat, il protège l’intérêt général de la classe dominante, la bourgeoisie. Depuis la privatisation, en 1999, les actions EADS ont rapporté chaque année, en moyenne, plus de 18% de bénéfices aux gros actionnaires. 

Chaque capitaliste consacre ses efforts à diminuer sans cesse la part de travail vivant, la masse salariale, relativement à celle des machines dans la production qu’il dirige. Par la course aux gains de productivité et à l’augmentation de la production en vue de maximiser ses profits, le capitalisme mortifère conduit l’humanité toute entière à sa propre destruction.  

 La lutte de classe et la constitution d’un Parti Communiste  

 La division nouvelle du travail créée par la mondialisation libérale a rendu interdépendants et complémentaires les activités productives des différents pays. 

L’actuelle offensive du patronat obligera leur prolétariat à lutter sur le terrain révolutionnaire, à mener des luttes plus radicales et à s’organiser, de fait, dans un Parti révolutionnaire. 

Les progrès technologiques, coûteux en capital, libèrent du temps de travail que la propriété capitaliste transforme en chômage. C’est donc au prolétariat (considéré comme un « travailleur collectif »), dans toutes ses composantes,  de s’approprier ces savoirs construits par des générations de producteurs, de les arracher aux mains du capital (de l’Etat bourgeois ou des capitalistes privés) qui en détiennent la propriété. 

La bourgeoisie n’a plus guère de miettes à distribuer pour obtenir des compromis avec les dirigeants syndicaux et acheter la paix sociale. 

Ces annonces de fermetures interviennent alors que les élections apparaissent de plus en plus comme une mascarade, un spectacle sans intérêt. Les couches petites bourgeoises touchées par le chômage commencent à s’opposer au système. 

Beaucoup d’obstacles restent donc à franchir, les statuts et les conditions de l’exploitation capitaliste n’étant pas les mêmes suivants les régions du monde. Mais l’enjeu consiste en l’appropriation par tous des conditions du travail. 

La satisfaction des besoins humains s’oppose donc  à la loi de la plus-value et de l’accumulation capitaliste. 

Comme nous l’énoncions dans le bulletin de l’ARAM de ce mois-ci : « la détermination des besoins à satisfaire sera modifiée au cours du processus révolutionnaire. Elle se fera sur la base d’une utilité qualitative et quantitative, redéfinie par des individus que la révolution aura transformés. 

La révolution politique et sociale permet de poursuivre le mouvement communiste vers la disparition de la bourgeoisie et du prolétariat, pour l’avènement d’une société sans classe qui sera celle de la Communauté des individus associés enfin débarrassée des rapports égoïstes d’appropriation des conditions de la vie ».  

 Pierre Lehoux – mars 2007  

 (1) C’est-à dire que de nouvelles entités industrielles sont créées dans les PED pour le compte d’EADS  

 (2) En juin 1997 le gouvernement Jospin décidait la privatisation d’Aérospatiale ( née en 1970 de la fusion Nord Aviation et Sud Aviation ) qu’il offrait plus tard à JL Lagardère. En mai 1999 c’est la fusion Aérospatiale- Matra, puis en octobre de la même année du groupe EADS constitué par Aérospatiale- Matra, l’Allemand Dasa ( filiale du trust Daimler Benz)  rejoint par l’Espagnol Casa. 24 mai 2000 constitution d'EADS. FABIUS et GAYSSOT se félicitent de l'accord de la commission européenne pour la création d'EADS. Le 10 juillet 2000 entrée en bourse d'EADS. STRAUSS-KAHN et GAYSSOT se félicitent du succès du lancement d'EADS, et tout particulièrement du succès de l'offre d'actions en France : « La constitution et l’introduction en bourse d’EADS sont un succès déterminant dans le processus de regroupement des industries européennes aéronautiques et de défense souhaité par le gouvernement et permettent de donner naissance au premier groupe européen et au troisième groupe mondial dans ce secteur. » La privatisation de la SNECMA, premier groupe européen de fabrication de moteurs d’avion complétait le dispositif  

 (3) Ces 8 mesures augmentent la  productivité de 16%, réduit les postes de travail de 17,4% en 4 ans, avec des licenciements secs s’il n’y a pas suffisamment de départs volontaires.

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article

Commenter cet article