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Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

Quel nouveau mouvement communiste peut enclencher un processus révolutionnaire ?

15 Avril 2015 , Rédigé par Association des Amis du Manifeste Publié dans #Les Amis du manifeste, #point de vue communiste

Quel nouveau mouvement communiste peut enclencher un processus révolutionnaire ?

Étant donné l'état d'immense faiblesse que rencontre le mouvement communiste cette question paraît bien utopique. Pourtant, partout, des besoins de changements profonds s'expriment.

Il ne s'agit pas, pour autant, de se replier sur des bases anciennes, connues, des révolutions passées qui ont échoué comme l'on sait dans l'éradication du système capitaliste et dans la construction du socialisme.

Même si nous devons le plus grand respect à celles et ceux qui ont ouvert le chemin des révolutions prolétariennes, les conditions objectives du processus révolutionnaire ne sont plus les mêmes aujourd'hui.

Bien des prolétaires, minoritaires, ont été amenés, à partir de leurs luttes pour les besoins immédiats, à en élever le niveau jusqu'à vouloir éliminer le capitalisme. Ils ont pris conscience, par l'expérience et la réflexion, qu'ils ne sont pas seulement en concurrence avec le capital pour le partage salaires/profits, mais dans un antagonisme irréductible avec le capital devenu sénile, qui ne peut même plus les maintenir dans leur état de salariés.

On le sait, les moyens matériels pour fonder le processus révolutionnaire, ne sont pas des conditions « toutes prêtes », mais ils existent, à condition d'être transformés.

Les prolétaires partent de leurs besoins immédiats

Les prolétaires luttent dans les conditions actuelles du capitalisme. Les formes d'action se renouvellent (débrayages, grèves perlées ou tournantes, etc.). Les intérimaires et précaires souvent réputés non grévistes ont pourtant défrayé de nombreuses chroniques : les intérimaires de PSA-Mulhouse, grèves des jeunes Airbus Nantes, grève des McDo, des SFR, etc.). Également dans la santé et le secteur public suite à la RGPP.

Le caractère de ces luttes s'exprime par la conscience qu'il faut se battre pour l'avenir des enfants, pour travailler où l'on vit, pour tous.

Ce qui est nouveau dans la situation contemporaine, au-delà des multiples différences selon les pays, c'est que les prolétaires sont toujours obligés de lutter  pour assurer leur survie quotidienne contre « les empiétements du capital » comme le disait Marx. Cette lutte se heurte à l'impossibilité pour le capital de se reproduire sans devoir accroître terriblement ces empiétements, dégrader toujours davantage leur situation.

Intensification de l'exploitation via les réorganisations et restructurations, sous-traitance, émiettement du temps de travail, disponibilité permanente, souffrance et stress au travail sont devenus le lot commun des prolétaires et d'une fraction importante de secteurs de la petite bourgeoisie salariée.

Aujourd'hui, la productivité au travail en France est une des plus élevée au monde et la souffrance physique et mentale en est la conséquence immédiate. La lutte contre la pénibilité est au cœur des revendications ouvrières.

La crise engendre partout une instabilité politique et sociale grandissante.

Mais en Europe, la majorité des prolétaires sont dans le désarroi, les frustrations qui se traduisent par de brefs excès de colère, des émeutes sans lendemain.

Quel nouveau mouvement communiste peut enclencher un processus révolutionnaire ?

Les phénomènes apparents que génère l'idéologie bourgeoise, tous ces mythes auxquels croient encore une majorité de prolétaires, pèsent lourdement dans le cours de leurs luttes.

Il y en a trois principalement :

  • l'idée que l'économie et la politique sont deux choses séparées, de simples rapports entre les choses (prix, profits, monnaies, etc.) alors qu'il s'agit de la même chose.
  • L'idée que l'argent est « la richesse » principale, qu'il suffirait de redistribuer équitablement pour éviter les « excès » de la « finance » et pouvoir relancer la croissance alors que, pour les capitalistes, ce n'est pas l'argent qui manque mais la possibilité de le transformer en moyens de produire de la plus-value.
  • Enfin, l'idée que c'est à l’État, qui représenterait selon eux l'intérêt général commun à tous, de mieux gérer l'économie selon cet intérêt alors qu'il n'est que le poste de commandement de la bourgeoisie, son Parti sans lequel les intérêts particuliers (privés) n'ont aucun moyen de s'organiser et donc le capitalisme de se survivre malgré la crise.

Deux voies s'offrent aux prolétaires

Malgré le délabrement de ce vieux système pourrissant, la bourgeoisie règne encore n'hésitant pas à recourir plus ouvertement à des moyens dictatoriaux. Une grande majorité se rattache au passé d'avant la crise « où on vivait mieux ». Ce passé semble meilleur que le présent et bien plus encore que le futur qui lui apparaît confusément rempli de menaces et de troubles effrayants.

A notre époque le vieux mouvement réformiste, tant dans ses formes que dans son contenu ne peut au mieux que freiner momentanément la tendance à la dégradation des conditions de travail.

Marx et Engels avaient prévu en 1848 dans « Le Manifeste du Parti Communiste », que le capital arriverait un jour à ce stade de son développement historique où « la bourgeoisie ne peut plus régner parce qu'elle est incapable d'assurer l'existence de son esclave dans le cadre de son esclavage », incapable d'assurer l'existence du prolétaire dans le cadre du rapport salarial (des rapports de production capitalistes en général).

Les prolétaires expérimentent que ce qui les attachait au réformisme disparaît. Car ils subissent au quotidien cette réalité du capitalisme sénile qui est qu'il ne peut se survivre q'au moyen d'une dégradation continue de leurs conditions d'existence.

Ils se rendent compte que dans cette affaire l’État est incapable d'en empêcher l’aggravation, ainsi que celle de leurs conditions de vie.

D'ailleurs, contrairement à ce que pense des intellectuels bourgeois tels que Paul Moreira qui a enquêté sur le FN, ce n'est pas le manque d'argent qui explique la disparition de l' « État social » (ou Etat providence) mais le fait que l’État, devenu une énorme machinerie économique, est toujours chargé de valoriser le capital en général et qu'il le peut de moins en moins. Le capital privé étant lui-même dans les pires difficultés pour assurer sa survie.

La crise enseigne une multitude de faits qui sapent l'idéologie bourgeoise. Ainsi que l’État leur demande de toujours plus financer  les conditions de la valorisation du capital sans toutefois y parvenir vraiment (tel le taux de croissance ridiculement bas estimé pour 2015 à 0,4%).

La situation actuelle est donc particulièrement confuse. L'extrême faiblesse du mouvement prolétaire est évidemment aussi celle des communistes.

Les communistes sauront-ils aider les prolétaires à se constituer en classe ?

Nous avons tous besoin, communistes ou non, de retrouver des perspectives politiques, de centraliser notre combativité encore éclatée dans des luttes défensives, pour avancer vers l'unité et l'indépendance à l'égard du système bourgeois.

Quel nouveau mouvement communiste peut enclencher un processus révolutionnaire ?

S'unir c'est se délimiter en évitant deux écueils bien connus : le sectarisme et l'opportunisme.

Ce qui impose de s'unir sur la base d'une analyse commune de la situation contemporaine, laquelle ne peut être produite que dans ses caractères généraux les plus essentiels.

Cette première analyse commune peut et doit comprendre :

  1. Les causes spécifiques de la crise : épuisement des gains de productivité (c'est ce que les capitalistes appellent les « rendements décroissants ») et de l'accroissement de l'extraction de la plus-value (sous sa forme relative du fait de l'augmentation de la production de biens et de marchandises dans un temps de plus en plus réduit pour une intensité du travail plus forte - donc avec comme conséquence  l'épuisement de l'ouvrier), le dépérissement de la valeur.
  2. Les conséquences concrètes qui en découlent : épuisement  définitif de la croissance capitaliste. 

Pour la survie du capitalisme, obligation d'un recours à la surexploitation des masses, l'aggravation de la destruction de la nature, l'élimination d'une masse accrue de prolétaires par la guerre, les maladies et la misère.

 

Ce premier pas n'est pas celui de la création d'un parti communiste, lequel ne peut émerger et se constituer que dans un rapport dialectique avec le prolétariat, se voulant anti-capitaliste. Mais il en est une préparation.

Quel nouveau mouvement communiste peut enclencher un processus révolutionnaire ?

Il est l'activité communiste possible dans la situation de grande faiblesse qui est celle des communistes aujourd'hui, en transition entre un mouvement communiste qui a complètement dégénéré, et un nouveau à créer en appliquant le principe de l'organisation révolutionnaire en opposition à l'ancienne réformiste, l'indépendance et la puissance du prolétariat contre l'influence des idéologies et des organisations bourgeoises en son sein.

C'est pour cela que fort de notre expérience au sein de l'AAM, nous revendiquons des assises réunissant les organisations communistes qui comme nous combattent l'idéologie des réformistes de gauche.

Nous souhaitons apporter notre pierre à « la vraie parole des luttes », pour expliquer les moyens et les conditions pour satisfaire les besoins humains ce qui implique un processus de transformation des objectifs et des  luttes elles-mêmes.

D'ores et déjà nous sommes unis sur un  mot d'ordre essentiel :

TRAVAILLER TOUS, MOINS ET AUTREMENT, pour une société égalitaire gérée collectivement.

 

Le bureau de l'AAM – avril 2015

 

 

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