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Regroupement Communiste      Association des Amis du Manifeste

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

3 Novembre 2014 , Rédigé par Association des Amis du Manifeste Publié dans #Théorie Communiste, #Les Amis du manifeste

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

Dans les années trente, c'est la manifestation d'une masse enragée d'individus que la crise a désavantagé et maltraité qui a soutenu le fascisme.

La haute bourgeoisie se méfiait de ces masses incultes aux idées bornées et grégaires incapables de comprendre les « valeurs » nobles et raffinées de la véritable élite. C'est ce qu'affirmaient des intellectuels tels que l'écrivain Stépahn Sweig ou l'espagnol Ortega Y Gasset.

Le fascisme est arrivé d'en bas. C'est un surgissement du même type qui se développe aujourd'hui.

C'est la conséquence de la crise qui fait dégringoler de l'échelle sociale, des millions d'individus.

La hausse de la productivité du fait de l'automatisation croissante des tâches, la banalisation des savoir-faire techniques (ou existence d’alternatives meilleures marché à l’étranger), détruit le salariat.

Le capital ne peut aujourd'hui salarier qu’avec d’énormes difficultés.

La robotisation dans les usines, une deuxième vague liée à l’informatisation, la troisième vague liée aux nouveaux modes de commercialisation qui est en cours, les automates de ventes, aujourd’hui, Internet et la digitalisation des services transforment la distribution en une activité essentiellement logistique.

De plus, c’est en grande partie un type d’emploi fortement féminisé qui subit de plein fouet ces transformations, c’est en partie ce que retrace l’inflexion du taux d’activité, la montée du temps partiel et du taux de chômage des femmes. Ce deuxième revenu était la condition indispensable au passage dans la classe moyenne pour nombre de foyers, sa réduction ou sa possible disparition est une épée de Damoclès pour nombre de ménages.

Dans le même temps, les études n’offrent plus un accès garanti à un meilleur revenu. Les études se banalisent, il y a aujourd’hui pléthore d’étudiants ayant plusieurs années d’études universitaires qui subissent une triple pression. Pression liée à la concurrence entre étudiants, pression liée à la concurrence avec des pays émergents qui offrent le même niveau de qualification à des prix moindres, pression liée à l’apparition d’algorithmes sophistiqués qui permettent l’informatisation de fonctions autrefois dévolues à l’encadrement et aux agents de maîtrise.

Cette situation se traduit par une dégradation lente de la situation. Les enfants des classes moyennes n’arrivent plus à franchir le pas vers le niveau supérieur ni même à se maintenir au même niveau, les salaires à l’embauche et les perspectives de carrières ne sont plus à la hauteur des attentes suscitées.

Alors cette classe en panne d'ascenseur social, attisé par d'habiles démagogues, désigne les responsables : les politiciens pourris, les étrangers, les rouges fauteurs de troubles.

Comme ils ne voient pas les causes de la crise, ils ne font que constater avec juste raison, l'approfondissement de la crise du capitalisme et la montée d'une idéologie fascisante et des comportements qui en découlent.

Ils ne savent pas pourquoi cette crise engendre précisément cette idéologie car ce serait remettre en cause l'idéologie de l'Etat et de la Nation qu'ils ont eux-mêmes répandue, et continue à répandre.

L'idée de Nation nourrit celle de l'Etat tout puissant

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

Depuis trois siècles les idéologues bourgeois affirment l'idée de la Nation comme une communauté d'individus qui s'associent volontairement par le moyen de l'Etat alors qu'elle n'est qu'une communauté imaginée (1). En réalité c'est la division des intérêts privés et concurrents ainsi que les antagonismes de classe qui dominent.

Deux types d'idéologies existent pour justifier la Nation :

  • celle de la nation « ethnique » dite  naturelle »fondée sur le sang, la « race ».
  • celle de la nation « citoyenne » (association construite sur l'histoire, la volonté, le projet commun). En termes juridiques : le droit du sang et le droit du sol.

L'Etat n'unit les individus que parce qu'il les domine et les contraint.

Ceux-ci sont enrôlés dans le « patriotisme » dans une lutte et la guerre contre les autres au profit des dominants que l'Etat organise et impose.

L'Etat-providence a fait long feu.

La bourgeoisie leur a fait croire pendant longtemps que l'Etat existait pour leur bien-être,

En réalité il ne grossit, envahit jusqu'à la vie privée des gens, que pour faire croître la puissance du capital dit national.

Les velléités d'indépendance des Etats les plus petits sont liées à la nécessité de livrer aux plus puissants (aux plus offrants) les ressources du pays afin d'en tirer quelques miettes.

Comme l'impérialisme est le moyen que se donne les Etats du Centre pour accroître les débouchés, de développer les approvisionnements au détriment des Etats de la périphérie (2) ce sont les tendances totalitaires inhérentes à l'accumulation du capital qui prennent la forme du fascisme.

Une Europe fascisante

Avec le rejet de l'élite bourgeoise traditionnelle (le malheureux Hollande et sa bande d'acolytes font les frais des dernières consultations électorales) et de l'alternance droite-gauche, on exige un « grand coup de balai » et que s'en aillent de la tête de l'Etat tous ces incapables...

Le Pen s'appuie sur ce ramassis de mécontents, pleins de peurs (de la crise, des immigrés, des voleurs, des révolutionnaires, des homosexuels...) qui s'imaginent que c'est simplement parce que l'Etat est aux mains de politiciens immoraux et corrompus qui défendent la finance mondiale et la bureaucratie européenne que cet Etat les abandonne et ne les défend pas.

Il leur faut donc partir en guerre contre tous ces « apatrides », cosmopolites et étrangers envahissants qui profitent de vos acquis sociaux. Plus la société se désagrège (ce qui est toujours le cas en temps de crise) et plus l'imaginaire réside dans la Nation (son capital national) et de son bras armé : l'Etat.

Un Etat puissant est capable d'unir le peuple pour le bien commun, au lieu de la dispute actuelle. Il développe l'ordre et l'efficacité au lieu de la gabegie, l'honnêteté au lieu des turpitudes, la volonté au lieu de l'abandon et la puissance au lieu de l'impuissance, la victoire au lieu des défaites.

La croissance des partis fascistes en Europe montre bien que l'expérience de la seconde guerre mondiale n'avait pas détruit l'idéologie illusoire et catastrophique du fascisme. L'appel de le Pen au protectionnisme est un des aspects de cette idéologie réactionnaire (au sens propre puisque le capitalisme actuel tire l'essentiel de sa survie de la mondialisation).

L'idéologie destructrice de Le Pen

Le FN cherche à conquérir une base populaire élargie. IL continue à stigmatiser les immigrés au nom de la défense de la laïcité, ce qui le rend plus progressiste.

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

Il présente son ultranationalisme comme le moyen du progrès social et une critique des gros capitalistes mondialisés. Il évoque une éventuelle nationalisation des entreprises « stratégiques », il parle de moduler le taux de l'impôt sur les sociétés suivant la destination des bénéfices, il propose de fusionner la CSG avec l'impôt sur le revenu afin de la rendre proportionnelle à ceux-ci.

Le vieil ennemi est toujours l'Allemagne accusée de dominer l'Europe. Le FN propose de sortir de l'euro pour y échapper et dénonce bruyamment les politiciens de « l'UMPS » qui se partagent le gâteau de l'Etat en alternance.

Tout cela est un discours populaire semblable à celui des fascistes italiens et allemands avant de tourner casaque une fois au pouvoir.

Or ce type de discours est encore plus irrationnel aujourd'hui du fait de la situation bien différente du capitalisme entièrement mondialisé où les entreprises françaises ne sont que des maillons étroitement spécialisées d'une chaîne de valorisation mondiale où 1/3 environ de la consommation provient de l'extérieur.

Le programme du FN et ses répercussions s'il était appliqué

Il conduirait à une aggravation considérable de la crise et de la misère des masses. Ainsi, Mme Le Pen prévoit elle-même que le seul retour au franc entraînerait une dévaluation de 25% (un minimum en fait) par rapport à l'euro et donc une hausse de 25% des prix des produits devant être importés (ce qui constituerait une facture d'environ 672 milliards d'euros, 1/3 du PIB, dont 46 milliards rien que pour l'énergie).

 

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

 

Les exportations censées être favorisées par cette dévaluation, ne combleraient pas ce trou puisqu'elles seraient au contraire freinées par des mesures protectionnistes de rétorsion.

Le capital financier imposerait toujours sa force en faisant exploser les taux d'intérêts de la dette maintenant libellée en franc, devenu pour lui une monnaie de singe.

Le service de cette dette immense deviendrait le fardeau encore bien plus insupportable qu'aujourd'hui, d'où de violents conflits de tous ordres, internes s'il était question de le faire supporter par le peuple, et externes, l'ultranationalisme poussant toujours face aux problèmes à affronter l'étranger.

Le capitalisme, c'est TOUJOURS la GUERRE !

Et c'est toujours la BARBARIE !

Mais, même si le capital, aujourd'hui mondialisé (et non plus scindé comme autrefois en autant d'unités territoriales qu'il existaient de nations) a encore beaucoup moins d'intérêt au fascisme qu'il y a un siècle, même s'il ne contribuera pas dans la même mesure qu'alors à porter Mme Le Pen au pouvoir, il n'en n'est pas moins très possible que se produise une évolution du totalitarisme d'apparence démocratique vers une forme exacerbée, d’un totalitarisme de type fasciste.

Il n'est que le résultat du mouvement de production capitaliste et des rapports sociaux qui en découlent.

 

Le mouvement communiste détruira

les rapports capitalistes privés d'appropriation

Face au danger fasciste, la première cible à abattre c'est l'ETAT

La destruction de l'Etat par les forces révolutionnaire est la première étape d'un long processus d'appropriation social de toutes les conditions de la production de la vie des individus.

Elles utiliseront bien sûr ce que le capitalisme a légué, son potentiel mais détruiront en même temps les simples relations égoïstes liées à l'argent, à la concurrence et tout ce qui peut porter atteinte à l'équilibre naturel car notre Terre est en danger du fait de la production capitaliste.

Le communisme n'est pas l'envers du capitalisme (comme le suggère les membres du PCF et du FG voire de l'extrême gauche) car l'endroit et l'envers sont les deux faces d'une même chose.

Il est construction d'un tout autre système de besoins, d'activités, de comportements, d'échanges, fondé sur des rapports sociaux d'appropriation des conditions de leurs vies par les individus et pouvant alors s'associer vraiment.

Avant de pouvoir démolir les fondations, il faut le faire des superstructures. Dans le capitalisme la superstructure c'est l'Etat.

Les prolétaires ont pour objectif stratégique premier de le détruire pour pouvoir se doter eux-mêmes des pouvoirs qui leur permettent d'abolir le capital.

Il s'agira pour cela de bien tracer une ligne de démarcation entre ceux qui veulent aménager le capitalisme et ceux qui veulent le combattre pour l'abolir.

Comme il n'y a plus d'espoir aujourd'hui d'améliorer quoi que ce soit de la vie des prolétaires, que l'illusion réformiste se désagrège, la voie est libre pour ceux qui se tourneront vers une lutte frontale avec le pouvoir bourgeois et le renverser.

Nous y contribuerons pour notre part au sein du mouvement communiste qui se cherche encore une stratégie véritablement révolutionnaire.

 

Le bureau de l'Association des Amis du Manifeste                                                                    septembre 2014

 

 

  1. « Pris individuellement, le bourgeois lutte contre les autres, mais en tant que classe, les bourgeois ont un intérêt commun, et cette solidarité, que l'on voit se tourner au-dedans contre le prolétariat, se tourne au-dehors contre les bourgeois des autres nations . C'est ce que les bourgeois appelle la nationalité. » (Karl Marx, « A propos du système national de l'économie politique de F.List, éd. Pléiade...), Le prolétaire se donne aussi cette nationalité quand il croît que plus son capital prospère et plus il en aura des miettes.

 

 

  1. C'est l 'éclatement des Etats centralisateurs en une myriade de petits Etats (cf les derniers en date : l'Ecosse et la Catalogne) tous mis en concurrence qui devient nécessaire au capital pour exploiter toujours plus les prolétaires et accroître la concurrence entre eux avec les risques de guerres et les nouvelles destructions que cette lutte entre capitalistes entraîne.

 

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